Goya
peintre de son temps
Il
produit dès lors un nombre considérable de peintures dont les thèmes
lui sont fournis par les mœurs et les modes de son temps : courses de
taureaux, processions, idylles galantes. L’œil de Goya est attentif
aux plaisirs de la vie mondaine et au « Majismo » (une
recherche, à travers le folklore des petites gens, de la tradition
espagnole). Tout le côté souriant, spirituel et caustique de Goya se
reflète dans ces peintures, dont certaines sont encore à l'Académie
de San Fernando. L’étude de l’œuvre de Vélasquez avec ses clairs
obscurs et son « naturalisme » vont l’amener à se débarrasser
de la prédominance des éléments décoratifs pour donner de
l’importance à la figure humaine et en saisir l’essence et le
caractère spécifique. C’est là tout le talent d’un grand
portraitiste.
Goya le portraitiste
Sa
réputation acquise avec ses premiers cartons lui ouvre les portes de
l’aristocratie espagnole et ses aptitudes naturalistes comme ses
qualités d'observateur vont le servir dans la peinture du portrait. Ses
premiers essais sont un triomphe et la mode est de se faire peindre par
lui (personnes royales, ministres, ambassadeurs, grandes dames et comédiennes).
C'est
par centaines que l'on compte les portraits peints par Goya. On
retiendra ceux de Don Manuel Osorio (un enfant en habit rouge), la
porteuse d’eau ou ses portraits de femme comme la duchesse d’Albe
(sa maîtresse ?) et Josepha Bayeu (son épouse). A elles seules,
les deux toiles de la Maja (musée du Prado) qui représentent la même
jeune femme, vêtue et nue, démontrent à quel point Francisco Goya est
un peintre hors pair, poussé vers la modernité.
Les
portraits d’apparat ou de cour paraissent, là encore, s'inspirer de Vélazquez (les Ménines) et de son analyse cruelle
de la réalité. Mais Goya, encore plus que Vélasquez, rentre dans le
caractère de ses personnages et, sarcastique, dévoile sans pitié leur
mesquinerie, leur corruption ou leur débauche, comme dans l'imposante
toile du musée du Prado, où sont représentés Charles IV et les
membres de sa famille (1800). Avec ses portraits Goya aura parcouru un
long chemin artistique avant d’atteindre une grande maturité et un
sarcasme provocateur, à la limite de la méchanceté.
Goya
le peintre religieux
Loin
des conventions et des formes académiques et sceptique sur le plan
religieux, Francisco Goya va pourtant entreprendre, avec succès, la
peinture décorative des églises et des chapelles.
Il peint pour l'église de San Francisco el
Grande, le tableau du maître-autel : Saint
Bernardin de Sienne (le sermon de San Bernardino de Sienne) et le
« Christ en croix », pour lequel il a cherché à
imiter le clair-obscur de Velázquez. Cette toile, actuellement au musée
du Prado vaudra à Francisco Goya, en 1780, sa nomination de membre de
l’Académie de San-Fernando et de peintre du roi.
En
l’espace de quatre mois, en 1798, il peint à fresque la chapelle de
San-Antonio de la Florida. Les fresques qui décorent la coupole,
l’abside et les nefs de la chapelle sont d’une grande sûreté
technique et très différentes de la tradition religieuse. En effet,
sans inspiration mystique, la composition de la coupole représente
Saint Antoine de Padoue ressuscitant un mort, mais abandonnant la vérité
historique, Goya modernise les personnages : les femmes sont des manolas
et les hommes sont des gens du peuple de Madrid, saisis sur le vif.
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