|  Sur le million d'habitants de Dubaï, plus de 80%
      sont des étrangers, dont des dizaines de milliers d'ouvriers asiatiques
      (principalement des Indiens, des Pakistanais, des Bangladeshi et, depuis
      peu, des Chinois) venus travailler sur les nombreux chantiers de
      construction de la ville, suants à grosses gouttes sous un soleil de
      plomb (au plus fort de l’été le mercure monte à 50 °C à l’ombre).
      Voir, à ce sujet, les superbes photos de Stéphane Compoint
      sur les ouvriers de Dubaï 
  En
      effet, l'émirat a lancé ces dernières années des projets immobiliers
      gigantesques, qui ont fait sa réputation à l'étranger, pour s'imposer
      comme un centre régional des affaires et une destination touristique pour
      pallier le tarissement de ses ressources pétrolières. 
  Dans ce pays où les ouvriers du bâtiment triment
      jour et nuit, l’employeur confisque le passeport en échange du permis
      de travail et à la fin du contrat reconduit le travailleur immigré à
      l’aéroport. Et même si les autorités exigent que les travailleurs
      soient bien traités par l’entreprise qui les emploie, certaines sociétés
      ne s’embarrassent pas toujours avec la réglementation (très simplifiée
      d’ailleurs). 
  Généralement
      mal logés et sous-payés, les ouvriers étrangers (femmes et enfants
      restent au pays), en majorité asiatiques et employés dans le secteur du
      bâtiment, expriment, depuis peu, de plus en plus ouvertement leur
      malaise. Leur lieu de résidence est souvent un camp de baraques inachevées, établi
      à la lisière d'une cité résidentielle, et les cuisines, sans confort
      ni hygiène, ne sont que les dizaines de réchauds à gaz des locataires. Le salaire mensuel ne dépasse guère les 600
      dirhams (en fait de 100 à 180 euros selon la nationalité du travailleur)
      et le droit de grève comme le droit de former des syndicats n'existent
      pas à Dubaï. Non couverts par les assurances, les accidents du travail
      sont légion et on dénombre un taux de suicide très élevé parmi cette
      population.
 
  Aussi,
      récemment, des milliers d'ouvriers asiatiques ont manifesté à Dubaï
      contre le non-paiement de leurs salaires, témoignant d'un malaise
      croissant chez les étrangers qui travaillent dans le bâtiment dans des
      conditions déplorables et pratiquement sans aucun droit, à tel point que
      la presse locale commence a s'en fait l'écho. Les manifestants (dont les
      salaires impayés portent sur quatre mois et concernent 2.000 ouvriers),
      travaillent pour Al-Hamed Construction. Cette société appartient à des
      Emiratis et à des Jordaniens et exécute le projet de Palm Jumeira, (île
      artificielle en forme de palmier actuellement en construction dans les
      eaux du Golfe) pour le compte de Nakheel, l'une des deux plus grandes
      compagnies immobilières de Dubaï. 
  Autre
      fait, rapporté par le quotidien Gulf News : des dizaines d'ouvriers
      du bâtiment asiatiques privés de salaires pendant quatre mois par leur
      employeur saoudien, ont observé un sit-in devant le ministère du Travail
      à Dubaï. Les manifestants dénonçaient aussi leurs mauvaises conditions
      de logement. Ils avaient protesté une première fois il y a quatre mois,
      mais leur employeur n'avait pas répondu à leurs demandes et licencié
      les ouvriers qui les représentaient. Selon le quotidien Al-Bayan, une autre action était entreprise devant le
      ministère du Travail à Abou Dhabi, la capitale fédérale, par 200
      ouvriers réclamant six mois de salaires impayés.
 
  Dubaï
      est un chantier permanent qui rivalise avec Singapour et Shanghai. Le
      secret, c’est sa population étrangère qui s’échine sur ses
      gratte-ciel. Mais
      tout ce bel édifice, basé sur l’investissement et la spéculation,
      repose sur cette main-d’œuvre bon marché, et si, d’aventure elle
      faisait défaut, tous les beaux projets, fierté de Dubaï, s’écrouleraient
      comme un château de carte, entraînant pour longtemps la faillite de
      toute une région. Les autorités de Dubaï le savent et c’est pourquoi, l'agence de presse
      officielle a fait savoir que le ministère du Travail avait infligé une
      amende à la société Al-Hamed et lui avait donné un ultimatum de 24
      heures pour payer ses ouvriers. Dans le cas contraire, les ouvriers auront
      le droit de travailler pour un autre employeur et la société s'exposera
      à des poursuites judiciaires et ne pourra pas recruter de nouveaux
      ouvriers pendant six mois.
 Vous
      l’aurez compris Dubaï pratique une politique ultra libérale à des années
      lumières des théories prônées par nos trois « B »
      nationaux (Bauvé, Besancenot, Buffet). Est-ce un bien ou un mal ?
      C’est à vous de juger sur place, pas à nous, notre rôle
      d'informateurs s’arrête
      ici. |